Les personnes vivant avec des troubles de santé mentale ne sont pas les seules à souffrir. La famille et les proches sont entraînés dans un tourbillon. L’organisme le Phare Saint-Hyacinthe et régions se charge de s’assurer que les proches tiennent la tête hors de l’eau.
«Le premier grand défi, c’est le choc. Le choc de la nouvelle, le besoin de se familiariser avec les services du réseau, tout le vocabulaire. C’est un monde nouveau à explorer. C’est le premier défi. Ils entendent la nouvelle, mais maintenant, qu’est-ce qu’on fait avec ça ?».
Le deuxième défi a trait aux sentiments. «On se sent coupable, impuissant et isolé. Les troubles de santé mentale, ce n’est pas aussi connu qu’on aimerait et ce n’est pas aussi bien accepté, il y a une gêne chez les gens. Les familles vont vivre de l’isolement, de la honte et vont se questionner sur pourquoi c’est arrivé. Les troubles se développent souvent jeune, mais pas durant la tendre enfance. L’enfant s’est développé et on se demande ce qui s’est passé», ajoute-t-elle.
Et finalement, le troisième consiste à déterminer comment on peut maintenir une qualité de vie équilibrée tout en supportant notre proche. Les proches doivent accepter leurs limites et les respecter. Ils doivent également tenter de conserver le lien avec la personne atteinte de troubles de santé mentale le plus longtemps et le plus sainement possible : ses proches s’avèrent son premier réseau.
Résister à l’épuisement
Ce n’est pas une mince affaire que d’accompagner un proche vivant avec des troubles de santé mentale. L’épuisement des proches-aidants est le premier signe du manque de services dans le domaine.
«Souvent, il va y avoir un pilier dans la famille, le proche aidant, si cette personne s’épuise, c’est une perte pour le réseau. C’est une perte pour la personne qui souffre du trouble de santé mentale aussi parce qu’il perd une partie de son soutien. C’est aussi une perte pour le milieu de la santé parce qu’ils ne peuvent pas offrir des services 24h par jour contrairement au proche aidant. Ils ont des liens émotionnels et souvent, la famille a des liens à long terme».
Briser les tabous pour vaincre l’isolement
L’important, c’est de briser l’isolement. Si une personne connaît quelqu’un qui supporte une personne atteinte de trouble mentale, il faut qu’elle lui offre son soutien. «Il faut briser les tabous par rapport à la santé mentale. Il y en a beaucoup, c’est répandu et c’est important que les gens parlent», explique-t-elle.
La littérature estime que ces tabous reviennent aux fondements historiques de l’évolution des maladies. Les gens sont encore très peu éduqués sur la santé mentale. Ce sont des «enjeux d’équilibre personnel». Ils sont plus difficiles à admettre et à vivre. Bien que des progrès aient été effectués au cours des dernières années, il reste encore un long chemin à parcourir. L’aspect plus «mystérieux» de la santé mentale peut également expliquer la réticence des gens à accepter son existence et à ne pas la juger.